Fourteen days in sunny august

27 septembre 2005

Fourteen days in sunny august

C'était donc ca quand vous m'avez dit que tout change, et que tout finit par s'oublier, à la longue..
Je n'avais pas voulu vous croire, je t'aimais bien trop, je crois.
Puis un début de soirée glacé, le 6 janvier je pense, je rentrais chez moi à pieds, et je suis passée devant ce petit ruisseau.
Il y avait un chemin qui longeait le bois, et quelque part sur la gauche, une toute petite allée, avec quelques arbres pleins de lumière et un tout petit pont, au-dessus d'un tout petit ruisseau.
Je me souviens qu'on allait souvent jouer par là-bas avec Louise, on était des aventurières, des druidesses ou des sorcières, c'était selon.
Il devait être 18 heures quand je suis passée par là, le nez tout rouge, les pieds glacés et le bout des doigts insensible.
Je ne pensais à rien en particulier, je regardais le trottoir bordé de maisons à moitié construites, les échaffaudages recouverts d'une fine pellicule de neige, et j'étais plutôt bien, malgré le froid.
J'ai regardé le ciel et j'ai pensé à ce qu'était ce coin, avant.
C'était un bois.
Mon bois, d'ailleurs. Et le petit ruisseau, je le partageais avec les gens que j'aimais, et ils m'aimaient bien aussi, je pense.
J'ai passé mon chemin, et j'ai regardé sur ma gauche.

Et bien ce petit ruisseau, il n'y était plus.

A la place, un gros bloc de béton pour aller jusqu'à la route d'en face. Et deux petits poteaux en bois pour rappeler l'endroit ou commencait le tout petit pont.

Je ne sais pas vraiment pourquoi tout d'un coup j'ai vraiment senti le froid, et que les larmes qui coulaient sur mes joues m'ont semblé se changer en glace.

Je me suis arrêtée un petit moment pour contempler ce qui restait de mon bois, puis j'ai continué ma route jusque devant ma porte, en faisant un détour par la boite aux lettres.
Il y avait une enveloppe avec ton écriture.
La chaleur est tout de suite revenue, même si étrangement je savais que cette sensation n'allait pas durer.
J'ai ouvert la porte, j'ai grimpé les escaliers, et j'ai ouvert l'enveloppe après m'être assise en tailleur sur mon lit.
Et j'aurais juré entendre mon coeur se déchirer en deux.
Pas parce que je ne m'y attendais vraiment pas et que ca m'est tombé dessus comme ca, non. Je le savais depuis un petit moment, que ca ne durerait plus.
C'est juste que comme 15 minutes auparavant, j'ai senti le temps glisser entre mes doigts, et être incapable de le rattrapper ni même de le retenir.
Je crois que j'ai compris à ce moment-là que ma vie, c'était un livre dont les pages que je tournais brûlaient au fur et à mesure.
Que je pouvais toujours en garder un souvenir mais jamais relire un passage et comprendre les choses autrement.

Mais je peux toujours t'en parler, de ce moment-là. Et même si je t'ai perdu et que rien ne sera comme avant.. je crois que tu te doutes de la suite. J'aimerais que tu me lises et j'aimerais que tu comprennes.

Mais peut-être qu'encore une fois, ce sera comme demander de la chaleur à des cendres froides.
Tu me l'as déjà fait tant de fois...